MADALENA ancien

MADALENA

Une oeuvre réjouissante de réappropriation d’un pan refoulé de l’histoire…
Celle de Madalena qui, à l’instar de l’Artémis d’Ephèse, demeure l’une des figures tutélaires et intemporelles de la cité phocéenne.

L’adaptation de la cantilène à Sancta Maria Magdalena par Manu Théron était une gageure.Il fallait permettre à ce chant archaïque, renouant avec la dévotion populaire à la sainte en Provence, de se déployer librement, affranchi de l’uniformité du dogme catholique qui l’avait un temps proscrit. Confiée à un choeur de vingt-trois femmes (alors que La Cantinella était autrefois interprétée par des chanoines de la cathédrale de Marseille), Madalena est une célébration rare et exaltante de la féminité et du plaisir de chanter.

Magnifiée par la spiritualité solaire et unique de ce Choeur des Pays d’Oc, la musique de Madalena s’inscrit dans une dynamique singulière, spécifique aux musiques populaires spirituelles de méditerranée. Alternant répétition, scansion et échanges entre choeur et soli, l’oeuvre nouvelle, empreinte de majesté et de modernité, est d’abord une ode à la vie, à l’émancipation et aux retrouvailles des plaisirs terrestres et de l’amour divin.

A La Compagnie du Lamparo, dans nos diverses actions pour la redécouverte des trésors de la culture populaire, nous avions jusqu’ici puisé avec modération dans les fonds patrimoniaux anciens (notamment pour le premier spectacle de Chants Sacrés du Còr de la Plana), les mutations et les survivances de la culture d’Òc dans la diversité de la société provençale d’aujourd’hui étant notre terrain de création favori. La Cantilène à «Sancta Maria Magdalena» constitue un texte d’une coloration plébeienne évidente, qui imprègne aujourd’hui encore de nombreux aspects de la sociabilité méridionale, ce qui nous permet de la raccorder à d’autres rites méditerranéens de la spiritualité populaire telles que la Taranta d’Italie du sud ou les Hadra-s du Maghreb.

Nous avons pensé associer à la redécouverte de ce texte très particulier un certain nombre d’artistes d’expression occitane, issues de différents territoires de création musicale, et que l’habitude de chanter en chœur peut aisément réunir autour d’un tel projet. Leur connaissance du chant occitan, la fréquentation des propositions esthétiques de Manu Théron au cours d’ateliers, de stages et de divers projets d’échange et de transmission les ont, en quelque sorte, idéalement préparé à l’appréhension de ce répertoire. Le recours à un ensemble féminin nous semble propice à une ré-appropriation du texte affranchie de toute conformité à l’orthodoxie catholique, même si la référence au culte de la Madeleine n’est certainement pas abolie. La «Cantinella» (c’est sous ce nom que la Cantilène fut relevée à la fin du XVIIIè siècle) était interprétée autrefois par des chanoines de la cathédrale de Marseille, des hommes que «l’impudeur» des femmes de l’assistance avait effrayés et convaincu d’abandonner ce chant. Son exhumation par un groupe de femmes représentera de fait une forme d’appel à une spiritualité dégagée du truchement religieux, s’exprimant par la musique et le collectif.

Dans une autre mesure, la sollicitation d’artistes ayant depuis longtemps ancré leur travail dans la redécouverte et la ré-invention du répertoire de leur régions respectives nous paraît éviter un certain nombre de préliminaires musicaux et idéologiques parfois laborieux. Ceci étant, chacune de ces artistes possède une expérience dans des domaines musicaux qui vont du Jazz à la musique contemporaine et du rock aux musique du monde, en passant par la chanson, ce qui augure d’un foisonnement intéressant de possibilités d’interprétation.

La plupart est passée par des groupes comme Enco de Botte, La Mal Coiffée et Le Chœur de la Roquette, ou par les ateliers du Lamparo. D’autres ont une pratique individuelle qui les a mises en rapport de façon assidue avec le chant populaire.

Crédits photo : Olivier Delsalle

Durée : 1h
Effectif : 23 chanteuses : Anaïs Andret Cartini, Hélène Arnaud, Karine Berny, Myriam Boisserie, Magali Bizot-Dargent, Magalonna Dargent-Bizot, Lise Oustric-Borki, Muriel Chiaramonti, Laetitia Dutech, Isabelle François, Colette Guilhem, Carole Lazzeri, Gaëlle Lévêque, Géraldine Lopez, Annie Maltinti, Marie-Madeleine Martinet, Hélène Pagès, Audrey Peinado, Marie-Noëlle Pieracci, Guylaine Renaud, Rachel Rouvière, Caroline Tolla et Camille Simeray, 1 chef de choeur : Manu Théron et 2 techniciens

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