Depuis 2001, dans le fameux quartier de la Plaine à Marseille, Lo Còr de la Plana réinvente la vocalité méridionale, en la mêlant aux sonorités archaïques d’une Méditerranée à la fois déchaînée, âpre et fusionnante.
La percussion et la voix composent le couple emblématique de ce rituel rudimentaire, minimal, accompagné par ce que le corps peut encore faire battre d’essentiel : les mains, les pieds ou les peaux.
Contrairement à d’autres traditions, la polyphonie – qui plus est masculine – n’existait pas dans le patrimoine chanté occitan jusqu’à ce que Manu Théron décide de l’inventer. Il a réuni pour ce projet quatre autres chanteurs percussionnistes à l’énergie communicative : Benjamin Novarino-Giana, Sébastien Spessa, Denis Sampieri et Rodin Kaufmann.
Ne cherchez pas dans Lo Còr quelconque fanfaronnade sur une identité régionale fantasmée mais plutôt une démarche de mise à disposition d’une histoire, d’un patrimoine, invitant tous ceux, nés ou non ici, à les connaître et se les approprier. Car il n’est pas question pour eux, d’interroger la mémoire au travers de ce qu’elle immobilise, mais dans ses turbulences, dans les obscénités dionysiaques qu’elle peut réveiller, dans ses défaillances aussi, et dans le risque permanent de mort qui la guette à chacun de ses débordements.