De l’enfer industriel de Fos-sur-Mer à la rive arlésienne du Rhône, la CRAU -dernière steppe d’Europe occidentale- fait le lit du réel. Des amas de rocaille, cette ancienne mer abandonnée en a roulé et en roule encore dans la furie du vent, et une voiture qui traverserait de part en part ce petit désert filerait droit sur des dizaines de kilomètres, dans des paysages qu’un Hopper ou un Walker Evans auraient rendu américains sans effort.
C’est sur les fonds de cette mer bordée d’usines, assoupie dans la sobriété de son déploiement immense, que les trois musiciens de DE LA CRAU ont imaginé la bande-son de leur périple. Ils sont partis d’un chant qui éventre les cieux, auquel répondent en puissance et en poésie la contrebasse, les percussions et le déchaînement extatique de la mandole.
C’est dans cette étendue post-industrielle que Lou Reed croise enfin Matar Muhammad, et c’est seulement là qu’on imagine leur rencontre, sous la plume d’un SAMUEL KARPIÉNIA inspiré comme jamais, emmené à son apogée par l’archet sombre et vigoureux de MANU REYMOND et le set coloré de THOMAS LIPPENS. Ils explorent à présent un sillon creusé il y a vingt ans non loin des usines, comme une plaie qu’ils continueraient de soigner pour l’éternité, et que le chant et la mandole ne parviendraient à apaiser que dans l’amplitude âpre de ces horizons.
DISTRIBUTION :
Sam Karpienia commence le chant provençal avec le groupe de Manu Théron Gacha Empega, ensuite il fonde Dupain de 1999 à 2016 et parallèlement le groupe Forabandit mélangeant provençal et chants d’Anatolie.
Manu Reymond a joué avec le groupe PoumTchac et collaboré à divers projets ( BabX, Nathalia M King, bal folk…)
Thomas Lippens a étudié le tambourin à Naples et a intégré cet instrument dans différents projets de musiques traditionnelles dans le sud de la France, mais aussi au sein de la Kreiz Breiz Académie en Bretagne avec Erik Marchand.