De La Crau
Partis d’un chant qui éventre les cieux, auquel répondent en puissance et en poésie la contrebasse, les percussions et le déchaînement extatique de la mandole, les trois musiciens de DE LA CRAU ont imaginé la bande-son de leur périple dans la Crau. Cette mer abandonnée bordée d’usines, dernière steppe d’Europe occidentale, qui évoque des paysages qu’un Hopper ou un Walker Evans auraient rendus américains sans effort. Sous la plume d’un Sam Karpienia inspiré comme jamais, emmené à son apogée par l’archet sombre et vigoureux de Manu Reymond et le set coloré de Thomas Lippens. Ils explorent à présent un sillon creusé il y a vingt ans non loin des usines, comme une plaie qu’ils continueraient de soigner pour l’éternité.
DE LA CRAU un univers sobre, à la puissance contenue, des mélodies traversées de poésies aux mille visages. Sam Karpienia chante un rugueux hors sol provençal distordu par des riffs en boucle de guitares électriques. Thomas Lippens aux percussions tribales des bois ferraillés martelant la transe. Manu Reymond à la contrebasse fait grincer et mordre de graves ostinatos à l’archet.
DE LA CRAU est la nouvelle formation de Sam Karpienia, une des grandes voix qui s’est révélée à Marseille au cours des deux dernières décennies. D’abord avec Gacha Empega et ses polyphonies puis au sein du groupe-culte Dupain en fusionnant trad occitan, rock et musiques actuelles.
Sam Karpienia n’en finit pas de renaître et nous fait vivre une véritable expérience à chacune de ses prestations scéniques, l’artiste et poète est toujours au plus près de ses émotions, livrant des concerts d’une rare intensité.
Sam Karpienia, chanteur, compositeur et joueur de mandole a grandi à Port-de- Bouc. De Kanjar’oc à Gacha Empega (avec Manu Théron), en passant par Dupain et Forabandit (groupe mélangeant provençal et chants d’Anatolie), il a transfiguré la musique marseillaise, lui insufflant une intensité poétique, lui offrant une voix unique. Son chant renvoie à l’ivresse du rebetiko comme à la fièvre flamenco ou bien sûr à l’insolence joyeuse de cette nouvelle chanson provençale dont il est un pilier. Mais l’occitan affirmé se souvient de l’Occident et l’énergie de sa musique se rapproche de celle du rock. Sa musique est donc d’inspiration traditionnelle mais résolument tournée vers la création contemporaine.
Tamborinaïre, percussioniste et batteur, Thomas Lippens a étudié le tambourin à Naples, il construit et invente ses propres instruments. Il chemine autant dans le répertoire des musiques traditionnelles méditerranéennes que dans celui des musiques improvisées. C’est dans le bouillon culturel phocéen qu’il s’imprègne de chansons occitanes, de balètis et des musiques à danser d’ici, et d’ailleurs. À Marseille, ville de mélange par excellence, farandoles et tarentelles se contaminent, la polyphonie occitane se nourrit de la polyrythmie du maghreb, et la paghiella corse n’est pas loin. Ses tambours le font voyager depuis quelques années en dedans et en dehors de ce que l’on appelle « la tradition » au sein de différents projets de musiques traditionnelles dans le sud de la France, mais aussi au sein de la Kreiz Breiz Académie en Bretagne avec Erik Marchand.
Manu Reymond a joué avec le groupe Poum Tchack et collaboré à divers projets ( BabX, Nathalia M King, bal folk…).