MANU THERON SOLO
Un regard -introspectif et rétrospectif- sur 25 années dédiées à la polyphonie vocale, et une interrogation de l’altérité dans le domaine très « territorialisé » des musiques de prédilection du chanteur. Seul, comment envisage-t-on cette altérité ? Qu’est-ce qu’elle soustrait à notre intégrité et qu’y ajoute-t-elle ?
Le TOMBEAU SUSPENDU : Rien de macabre dans ce Tombeau, compris comme un hommage, une méditation admirative et fervente adressée à un compositeur ou un artiste que l’on révère (comme dans le « tombeau de Couperin » de Debussy), « suspendu » comme dans cette pratique nouvelle qui consiste à laisser plus d’argent qu’on ne doit dans un commerce, afin que ceux qui n’en ont pas les moyens et qui viendront après puissent s’offrir une denrée de première nécessité. Le tombeau suspendu est donc ici cet hommage rendu au trésor anonyme des musiques populaires de méditerranée, qui laissèrent autant de chants et de mélodies comme autant d’espérances à l’attention de ceux qui en sont dépourvus, comme autant de possibilités de se rassasier ou de s’abreuver, grâce aux espoirs et aux chants de ceux qui les ont précédés. Car dans ces musiques, le dernier venu ne ferme jamais la porte.
Dans ce solo voix et tambours sur cadre, Mànu Théron s’accompagne d’un bendir ou d’un pandeiro pour retracer avec joie et volubilité les parcours de ces chants, ne s’interdisant aucune citation, du Raggamuffin à la Classica Napoletana, du chant Sépharade aux musiques occitanes. Ainsi on retrouve avec lui une géographie musicale de la dérive, on en brave les tempêtes, on en exalte les accalmies heureuses, on en savoure les havres et les refuges. Déployés et vivants, l’interprétation, le chant et les commentaires de Mànu Théron célèbrent avec verve une méditerranée décloisonnée, et délivrent à l’auditeur la passion et la ferveur que ces mélodies ont porté jusqu’à nos rivages.