Chin Na Na Poun
Mandoline : Patrick Vaillant
Chant : Manu Théron
Tuba : Daniel Malavergne
Les jubilations mélodiques de Chin Na Na Poun
par Frank Tenaille
Au départ, il y eut pour Patrick Vaillant (mandoline), Daniel Malavergne (tuba) et Manu Théron (voix), un engouement pour les cançons tout à fait singulières de Victor Gélu, poète majeur de la culture populaire marseillaise. Le trio adopta pour cette remise en bouche d’un esprit frondeur, entre mélodrame et farce, le nom de Chin Na Na Poun, en référence à la passion du chansonnier pour les fanfares, les flonflons et les musiques de cabaret.
Leur travail ayant rencontré un joli écho public et donné beaucoup de plaisir aux trois compères, ces derniers ont décidé de poursuivre et d’élargir le spectre de leurs références avec toujours, comme maître de cérémonie, le truculent Victor Gélu. Ainsi, «Chin-na-na-Poun» est devenu le terme générique d’une musique populaire à la fois drolatique et enivrante, que seuls un tuba, une mandoline et un chanteur peuvent légitimement interpréter. L’occasion, par extension, de rendre justice à diverses formes de chi-na-na-poun qui s’étaient employées à redonner toute sa place à l’essence de la mélodie, et à une certaine latinité non policée et bougrement romantique. Dans cette optique, les alliés n’ont pas manqué, du Napolitain Renato Carosone… à Gabriel Fauré, qui n’hésitait pas à chin-na-na-pouniser le dimanche. Au menu de ce rendez-vous, nombre de pépites sonores ou de «douceurs françaises à savourer», empruntées indistinctement à Roberto Murolo, Bourvil, Rosa Balistreri, Antonio Machin, Imperio Argentina ou Vian.
Pour donner une pertinence à cette diversité, chaque membre du trio distille ses ingrédients, l’unité se faisant dans le goût partagé pour la mélodie populaire.
Manu Théron, figure de proue du Còr de la Plana, apporte sa connaissance du chant d’essence patrimoniale.
Patrick Vaillant, leader de Melonious Quartet, en réfère à une érudition musicale à cheval sur le savant et le traditionnel.
Daniel Malavergne, membre de Auprès de ma blonde, fait appel à son expérience de la fanfare, de l’harmonie et des arts de la rue. Et ce faisant, dans un espace de jeu fait de partis pris minimalistes, d’épures, de détournements, entre simplicité et échafaudage harmoniques, ils se livrent à un jubilant troc de codes esthétiques. La fidélité à l’esprit de chaque thème (sombre, grotesque, romantique ou frondeur) servant de filigrane à ce parcours amoureux.